trompée et très inquiète, lui raconta sa liaison avec
le comte, afin de la distraire, mais Marguerite semblait
inconsolable. Elle lui raconta aussi la vie qu’elle
menait avec son mari. Elle lui promit de prendre soin
d’elle dans l’avenir, si elle voulait bien l’aider et
pardonner la violence du comte. Marguerite cessa
enfin de se plaindre des souffrances endurées. Elle
promit à la baronne que puisqu’elle avait eu, bien
malgré elle, connaissance de son secret, elle était
prête à favoriser les rendez-vous. Réflexions faites, il se
créa une liaison très étrange entre ces trois personnes.
Le comte ne soupçonnait rien de la familiarité secrète
des deux femmes. Il avait goûté beaucoup de plaisir
au beau et jeune corps de Marguerite, et il aimait
parcourir ce petit sentier encore si peu battu. Il la préférait
à la baronne. Quand ils étaient seuls, il lui donnait
des preuves marquantes de son amour et de sa
faveur. En présence de la baronne, Marguerite ne
faisait presque pas attention au comte. Elle déclarait
ne participer à leurs ébats que pour faire plaisir à la
baronne. De son côté, celle-ci ne soupçonnait pas du
tout ce qui se passait entre son amant et sa femme de
chambre. Elle comblait Marguerite de cadeaux, et la
prit désormais comme confidente. Au prochain séjour
à Genève, Marguerite était toujours présente quand le
comte venait le soir chez la baronne ; mais elle avait
déjà passé chez lui pour recevoir les prémices de ses
forces, si bien que la baronne n’obtenait toujours que
les restes. Marguerite ne se lassait pas de me parler
des jouissances qu’un tel accord entre trois personnes
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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS