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Quant aux cocaïnomanes… Quant aux morphinomanes… Ils ont tôt épuisé la dérisoire provision de drogue qu’on leur remet à la sortie de la prison. Avec leurs derniers sous, grâce à des ordonnances qu’ils fabriquent et signent de noms des médecins ils réussissent à se procurer quelques centigrammes de la matière convoitée.

Ils travaillent pour le pharmacien, ils se privent de nourriture. Passe encore pour les premiers : la cocaïne apaise la faim…

Bientôt, les malheureux doivent diminuer la dose, cherchant à se leurrer, en s’accordant le même nombre de piqûres. Le supplice se dessine, effroyable. On les aperçoit rôdant autour des pharmacies, le teint jaunâtre, les yeux creusés, les traits tiraillés, les lèvres blanches, les membres agités de tressaillements nerveux.

On en rencontre tordus par d’épouvantables crises d’hystérie, écumant, hurlant, et chacun s’en éloigne avec dégoût. D’autres pleurent, inoffensifs, comme des enfants, appelant : « Maman ! maman ! » D’autres, encore, râlent sur le trottoir, ou bien abordent les passants, réclamant de la morphine. On en voit qui, pour tromper leur besoin, se font des injections d’eau sale, d’eau du ruisseau !



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