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qu’en Angleterre, en Allemagne foisonnent les procès scandaleux, chez nous ils sont relativement rares. Peut-être préfère-t-on laisser faire…

Mais, nous avons une institution sacrée : la maison où l’on passe. N’y touchez pas ! ah ! n’y touchez jamais ! C’est un endroit très ouvert et très fermé à la fois, dont il importe de ne parler qu’avec les plus grands ménagements. C’est une puissance dans l’État. Une espèce de franc-maçonnerie la couvre, grâce à laquelle visiteurs et personnel demeurent inconnus. Les femmes s’y prostituent honnêtement ; les hommes y trompent leurs femmes légalement. C’est la morale à rebours, les mœurs retournées, le triomphe de l’hypocrisie.

MM. les Magistrats défendent d’en donner les adresses. « Ah ! ah ! vous avez donné l’adresse d’une maison ! Vous n’avez pas honte ! Outrage aux bonnes mœurs ! » Le Substitut se révolte, s’indigne. Deux mille francs d’amende ! Trois mois de prison ! Cependant qu’il existe d’autres magistrats émargeant au Budget de l’État (le nôtre) à seule fin de surveiller, de censurer, de conseiller ces mêmes maisons. Et toutes les proxénètes assurent être la maîtresse du Commissaire