Page:Schwaeblé - L’amour à passions, 1913.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 126 —

Elle relisait ses dernières lettres :

« Ma chère amie, huit jours sans nouvelles de toi ! Naturellement c’est moi qui t’écris, malgré ce que je m’étais juré. Tu es suffisamment rosse et je te suis suffisamment indifférent pour que tu ne m’écrives que lorsque tu as besoin d’argent — ce qui, heureusement, t’arrive assez souvent. Il paraît qu’en ce moment tu n’en as pas besoin. Tant mieux pour toi, tant pis pour moi. Tu as évidemment raison d’agir ainsi avec moi, tu connais la façon de prendre les hommes et de les retenir : leur prouver qu’on se fiche d’eux, qu’on ne court pas après, ne pas répondre à leurs lettres, les plonger dans l’anxiété de l’attente de nouvelles. J’essaye d’en faire autant, de te persuader que je puis me passer de toi : pendant deux jours ça va bien, le troisième j’écris une lettre et je la déchire, le quatrième j’en écris deux et je ne les mets pas à la poste le cinquième…

« Tu ne veux pas discuter, tu ne veux pas d’explication. Je ne te demande pas des excuses, des paroles de regret, je voudrais uniquement te dire que je ne suis pas coupable. Es-tu contente ? suis-je assez plat ? En te revoyant je ne me permettrai le moindre mot de reproche. Tu n’as point à redouter ces scènes que ta lâcheté féminine provoque