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et précisais des noms, j’ai écrit à tes relations, je t’ai traînée dans la boue, je t’ai noyée sous un flot de calomnies et d’ordures, j’ai usé de tout pour te nuire. Je t’ai fait suivre. Et je t’aimais comme je t’ai toujours aimée, comme je t’aime. Je rageais, je pleurais, je menaçais, je suppliais. Pourquoi ne répondais-tu pas, aussi ? Tu m’aurais répondu de suite, tu aurais eu une entrevue avec moi, je me serais tu. Mais non ! tu prenais plaisir à mes insultes, à ma rage croissant et s’exaltant de son impuissance, peut-être voulais-tu voir jusqu’où ça irait ou riposter à mon défi par un défi, jouer au plus fort, à celui qui craint le moins ! Moi, j’étais fou, et toi imprudente, tu aurais pu m’arrêter d’un mot, et tu me laissais monter, monter ! Et moi je ne savais plus quoi faire : je te défiais et suppliais tout ensemble.

« Le croirais-tu ? écrire même pour te calomnier, c’était encore quelque chose de toi ! Le grand, le meilleur ennemi de l’amour c’est l’indifférence ; en amour quand on hait, quand on calomnie on aime ! C’est cela que tu devrais penser : en amour haïr, calomnier, flatter, caresser c’est la même chose. Amo et odio. Les extrêmes se touchent, et rien n’est plus près de la haine que l’amour, et vice-versa. Toi, tu es terrible avec ton in-