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différence et ta froideur entrecoupées de temps en temps par un petit mot permettant d’espérer… Tu t’avances pour mieux reculer, on n’est jamais aussi loin de toi que lorsqu’on s’en croit le plus près. Par-dessus le marché, tu embrouilles si bien les histoires que quand tu parles on croit que c’est arrivé : tu n’as pas plutôt le dos tourné qu’on s’écrie : « Quelle gourde je suis ! elle s’est encore payé ma tête ! il n’y a pas un mot de vrai tournent quelques jours.

« Tu affoles par ton indifférence et tes mensonges. Et moi quand je suis affolé c’est pour de bon ! Je ne réfléchis pas, je n’écoute que ma première impulsion, ce qui me passe par la tête je le fais immédiatement. Salir la femme qu’on aime, la femme à laquelle on ne cesse de penser ! Mais, il y a toutes sortes de sentiments là-dedans : d’abord, en dégoûter les autres pour l’avoir à soi tout seul. Dans ce but j’ai été, mon adorée, jusqu’à écrire les choses les plus immondes sur toi, jusqu’à écrire que tu étais… malade. Ensuite — pourquoi ne pas l’avouer ? — le désir de se venger de sa froideur. Puis, celui d’amener l’aimée au paroxysme de la colère, de la rage, parce que, ainsi que je le disais, les extrêmes se touchant, on espère abattre ses dernières résistances, on espère arriver à