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Elles cherchent leur pain sur les tombes. La mort des uns fait la vie des autres.

De crêpe habillée, solitaire, digne, de blanc gantée, des fleurs dans les mains, la femme s’avance jusque devant une tombe — d’où peut la voir la poire visée, — et s’incline dans un geste qui fait valoir l’harmonie des lignes, la courbe de la poitrine, la minceur de la taille, la rotondité de la croupe, quelquefois la finesse de la jambe. À la rigueur, elle s’agenouille, découvrant le mollet. Elle demeure figée dans cette pose, le regard perdu…

Et le monsieur qui vient de perdre son épouse s’approche, la contemple, ému. Une femme si respectueuse de la mort ne peut être qu’une honnête femme ! Il attend — longtemps — qu’elle ait fini ses dévotions. Quand elle se lève, il ose enfin l’aborder. S’il n’ose, elle feint de s’évanouir.

Alors, ils parlent de leurs chers disparus, ils communient dans la douleur. Et, bientôt, la dame est devenue « la veuve joyeuse ».