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La Comtesse rêvassait à l’heure du crépuscule, lorsque la boule rouge incendiait les faîtes, déchirait le ciel en loques sanglantes, laissant sur l’eau des traînées de feu…

Elle rêvassait, la nuit, lorsque, le rossignol égrenant ses trilles les plus sublimes, la nue azurée se piquait des points lumineux des étoiles, lorsque la lune ironique et discrète laissait tomber sa poussière glaciale, soulevant des écailles d’argent sur la rivière…

Elle rêvassait à l’aube lorsque le ciel, se lilaçant, s’éclairait des premières lueurs du jour, lorsque l’alouette joyeuse de la belle journée qui s’annonçait lançait ses petits cris aigus, réveillant les moineaux encore serrés frileusement les uns contre les autres…

Elle rêvassait lorsque la pluie, tambourinant sur les vitres, tombait avec un crépitement monotone…

Elle rêvassait…

Tout lui conseillait d’aimer, tout lui chantait l’amour, sans cesse la Nature lui disait son grand poème… Les fleurs se penchaient l’une au-devant de l’autre, les oiseaux se becquetaient… Elle seule n’aimait pas !