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que la Conscience universelle fût tranquille, pure. Il y a de ces soirs où l’on s’endort sans remords…

Ils ne disaient rien, regardant, sans les voir, les nuages légers glisser dans la nue, les bois et les plaines s’effacer dans l’ombre. La majesté de l’heure les étreignait. Tout doucement, ils communiaient dans l’ineffable sublime de la Nature. Et, tout doucement aussi, sans qu’ils s’en aperçûssent, leurs mains se joignirent, leurs doigts s’entrelacèrent. Et ils restèrent, ainsi, de longues minutes, de longues heures, tremblants du froid qui descendait de la lune, tremblants de pudeur, tremblants d’émotion, de beauté, tremblants d’amour…

Les meilleures paroles sont celles qu’on ne prononce pas. Le cœur a un langage muet, que seuls entendent ceux qui en sont dignes.

Quand le froid les força à se rappeler qu’ils étaient homme et femme, ils s’aimaient…

… Ce fut exquis. La Comtesse renaissait, naissait plutôt. Elle aimait enfin ! et d’un amour partagé, d’un amour digne d’elle, d’un amour infiniment pur puisqu’il avait triomphé de ses scrupules de femme mariée, d’un amour qui la lavait des brutalités et