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Le Comte se précipita, aperçut le couple. On le vit pâlir, rougir. Puis, il hurla, d’un ton qui terrorisa :

— Enfer et damnation !

Il sortit son formidable coutelas du fourreau, le leva. Mais il le laissa retomber, et, dans un grand rire qui le secoua étrangement, ordonna :

— Enchaînez-moi solidement ces deux bêtes, et amenez-les au château !

Et, éperonnant vigoureusement son coursier, il repartit au grand galop, suivi de la plupart de son escorte.

Le reste était demeuré à obéir. Des brutes grossières, puant le cheval, les harnais et le vin, se saisirent du couple, ficelant l’homme étroitement, déchirant, dans leur précipitation, les vêtements de la femme, salissant, écorchant cette peau si tendre, si délicate, broyant les seins, arrachant des cheveux.

Eux n’avaient pas eu le temps de se reconnaître. Ils pensaient rêver encore. Tout se brouillait en leur cerveau, les chevaux, le Comte, ses hurlements… Seule, la douleur des liens trop serrés les rappelait à la réalité, les réveillait.