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Les soudards les avaient fait lever, et, hâtés de retrouver les filles et les tonneaux qui les attendaient au château, ils les poussaient, les forçaient presque à courir malgré leurs entraves.

À la vue de la bien-aimée ainsi traitée, le Vicomte avait voulu bondir. Mais les cordes le retenaient. Alors, il avait rugi des menaces que les coups n’arrêtaient pas :

— Malheur à vous ! malheur à vous ! malheur à votre maître ! Mort aux bourreaux ! Dieu vous voit ! Brutes ! chiens ! que le feu du ciel tombe sur vous !

Les paysans, étonnés, effrayés, sortaient de leurs portes. Et les vieilles se signaient en voyant leur maîtresse, la châtelaine, enchaînée. Et les jeunes filles admiraient la forte musculature du Vicomte, et elles rougissaient. Et les gars s’intéressaient à la poitrine blanche de la jeune femme demeurée à l’air, à un bout de cuisse qu’on apercevait par la jupe en lambeaux.

Mais la jeune femme conservait son port de reine, pudique dans son impudeur, illuminée d’amour. Elle clamait, seulement, de temps en temps au Vicomte :

— Je vous aime ! je vous aime !