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Page:Schwaeblé - L’amour à passions, 1913.djvu/203

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exquises, multicolores qui tapissèrent la terre ; le plafond se couvrait de nuages azurés, légers. Le décor de l’amour envahissait le tombeau, le réchauffant, l’illuminant, le transformant en un nid d’une exquise tiédeur.

Les amants se mouraient d’amour, loin des hommes, loin du temps. Ils mangeaient à l’amour, ils buvaient à l’amour. Et c’était la fin la plus délicieuse, la plus idéale qu’on pût rêver. Jamais ils n’eussent pensé qu’une telle oasis existât, où, sans bruit, sans témoins, l’on pût oublier le temps, l’heure qui, sans doute, coulait pour les humains, qui, pour eux deux, demeurait immobile. Pourquoi manger, pourquoi boire quand ils s’aimaient ? En dépit de l’obscurité, ils se voyaient, ils s’admiraient, et les murs retentissaient sans cesse de ces mots :

— Je t’aime !

— Je t’aime !

… Quand, dans deux ou trois cents ans, des industriels démoliront le manoir pour élever à sa place un Splendid’Hôtel quelconque, l’on trouvera dans une cave deux squelettes enlacés…