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lante des bohémiens, avec l’infâme promiscuité d’acrobates, de clowns, de bateleurs, de rôdeurs, de filles, d’apaches.

Quelques jours après, Hélène, ayant vendu ce qu’elle possédait avenue des Champs-Élysées et congédié son personnel, s’installait définitivement dans la voiture.

… Dès lors, elle devint une des bêtes de Marcus, obéissant au fouet et à la cravache, vivant, toute nue ou habillée — si peu ! — d’un maillot de soie, dans la cage, répétant, l’après-midi et le matin, jouant, le soir.

Toute nue, sous les courants d’air que les toiles de la tente laissaient filtrer, les pieds nus sur le plancher rugueux et sale de la cage, elle devait se mettre en ligne avec deux gros chiens danois et faire les mêmes exercices qu’eux, marcher, trotter, galoper en cadence, sauter des haies d’épines dans lesquelles ses pieds et ses mollets s’égratignaient cruellement ; elle devait, cependant qu’ils allongeaient les pattes l’une après l’autre dans le pas espagnol, allonger les jambes l’une après l’autre, bien les lever, bien les étendre horizontalement, le pied bien dans le prolongement du mollet, la croupe bien cambrée, la gorge saillante, les bras relevés derrière la tête.