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maillot de soie, affectant, devant le public, de la traiter comme une de ses bêtes.

Enfin, la danse finit. Il était temps : la malheureuse sentait les os de ses doigts sur le point de se briser. Elle pouvait à peine se tenir debout, et l’on voyait ses seins se soulever et s’abaisser violemment. La sueur perlait sur son front. Les courants d’air la glaçaient. Elle grelottait, l’on voyait ses cuisses trembler. Elle se sentait livrée toute nue à cette foule de voyous qui achetaient, quelques sous, le droit d’examiner ses jambes, sa gorge, son dos, ses épaules, de la critiquer comme on critique une jument, disant à haute voix : « Eh ! eh ! les cuisses, pas mal ! Ça ne fait rien, je me l’enverrais bien ! » Et elle voyait des regards allumés, des signes équivoques. Et elle devait sourire, remercier des applaudissements, être à la merci de ces brutes, s’humilier devant elles !

Elle eut une pensée de révolte. Vraiment, elle souffrait trop, moralement et physiquement.

Marcus devina qu’il fallait achever de l’humilier pour la maîtriser complètement, et, comme les applaudissements continuaient, il lui ordonna à voix basse :

— Recommence ! et du nerf !