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à adjoindre au Kyrie des strophes allemandes. La poésie allemande se trouvait ainsi introduite dans l’église.

Voici la première de ces poésies pascales :

 « Christ ist erstanden
Von der Marter alle,
Des sollen wir alle froh sein.
Christ soll unser Trost sein,
Kyrioleis.
Halleluja, Halleluja, Halleluja.
Des sollen wir alle froh sein,
Christ soll unser Trost sein,
Kyrioleis.
 »


On appelait ces chants « Kirleisen », c’est à dire, chants du Kyrie et, pendant longtemps, on ne s’émancipa point de la tradition qui voulait que toute poésie spirituelle se terminât soit par « Kyrieleis » soit par « Halleluja ».

Les Mystères, très en faveur au xive et au xve siècle, comme l’on sait, contribuèrent, eux aussi, au développement de la poésie spirituelle. Nous possédons une série de chants de Noël en forme de berceuses, composées à l’occasion de la Nativité, et qu’il était d’usage de représenter à l’église. Quelques unes d’entre elles sont fort curieuses, non seulement pour leur caractère naïf, mais, surtout, pour l’alternance de phrases allemandes et latines, qu’elles présentent. Le sens en est difficile à préciser. Tout n’y repose, en effet, que sur l’assonance de syllabes sonores et sur le bercement du rythme, mais le charme n’en est pas moins indéniable. Voici deux de ces cantiques, qui ont passé dans les chorals de Bach :

 « In dulci jubilo,
Nun singet und seid froh.
Unsers Herzens Wonne
Liegt in praesepio
Und leuchtet als die Sonne
Matris in gremio
Alpha et O, Alpha et O. »

(Bach V, No. 35.)


« Puer natus in Bethlehem
In Bethlehem
Unde gaudet Jerusalem
Jerusalem
Halle, Hallelujah.
Ein Kind geborn zu Bethlehem
Zu Bethlehem
Des freuet sich Jerusalem
Halle, Hallel.
Cognovit bos et asinus
Asinus
Quod puer erat Dominus
Dominus
Halle, Hallel.
Das Oechslein und das Eselein
Eselein
Erkannten Gott, den Herren sein
Halle, Hallel. »

(Bach V, No. 46.)