pour polir, nettoyer, fourbir, brunir, sorniller le double sens de voler.
Pour mieux polir et desbouser musars.....
Là ot ung gueux son endosse polye.[1]
Sornillez-moi ces georgetz si farciz.
.....Et c’est un passe-temps
De leur voir nettoyer un monceau de pistoles.
« On reconnaît ici, dit M. Vitu, la persévérante logique des créateurs du Jargon. » L’œuvre n’appartient pas aux créateurs ; elle est de ceux qui les ont suivis. Tout au plus la méthode de dérivation synonymique pourrait-elle avoir été inventée par eux. Mais cette dérivation résulte si nécessairement du peu de choses signifiées par l’argot et de la modification continuelle que lui impose la conservation de son existence, qu’on peut voir plutôt là une loi propre à la langue secrète, une adaptation de ses organes au milieu. Nous allons retrouver le même phénomène dans le mot †chiquer et nous pourrons rattacher à ce mot une série rétrograde. Chiquer, noté par F. Michel, avec le sens de battre a aussi le sens de †tromper. Au premier sens nous avons rattaché chique-naude dont l’origine était inconnue. Le suffixe naude se retrouve dans baguenaude, dont l’origine est également inconnue. La voyelle i se nasalise au xvie siècle (Rabelais) devant la gutturale et donne chinquer[2]. Nous avons affaire ici à une défiguration artificielle de choquer. Oque, suffixe mobile, a été remplacé par ique. Du chiqué (sens tromper), c’est du faux, du simulé. Fait de chique, expression propre aux peintres, c’est fait de faux (ce qui n’est pas d’après nature). Suivons maintenant l’idée de tabac qui domine dans la forme artificielle chiquer ; elle donnera naissance à deux séries d’expressions parallèles dans les sens battre et tromper. Dans le sens battre, on a †passer au tabac, †filer la pipe. Dans le sens tromper, série parallèle : †tirer une carotte, puis †raconter une blague, enfin (argot militaire) raconter un tabac. La preuve que l’idée tabac domine dans chiquer, c’est une phrase facétieuse qu’on adresse à quelqu’un qui simule : †tu chiques sans tabac. Le mot chic, beau, peut se rattacher à chiquer. On dit d’une belle chose : †c’est tapé, †c’est touché (voir plus loin toquer), on a pu dire