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Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/133

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n’avait pu composer l’Imitation, pour l’excellente raison qu’il était né cent ans après.

Là-dessus, il se tut pour de bon. Puis M. Médium ayant remarqué des indices de loquacité dans la table, les développa subitement et en tira la syllabe TOR.

Le monsieur savant nous dit qu’il ne connaissait aucun personnage de ce nom et qu’il était extrêmement improbable que l’Imitation fut l’œuvre d’un oiseau. Toutefois la table répéta avec complaisance : Butor, butor, butor, jusqu’au moment où le monsieur savant émit la conjecture que nous étions victimes des esprits de tous les suppôts de la Fête des Fous, contre laquelle Gerson avait prêché.

Dès lors, il se produisit un effroyable vacarme. La table se cabra ; les chaises tournoyèrent sur un pied ; le guéridon exécuta une sarabande, et la soucoupe, évoluant avec habileté, vint aplatir le nez de différents membres du Cercle.

M. Médium nous dit que les esprits étant agités ce soir ne voudraient plus parler, et il éteignit le gaz de l’établissement.

Après avoir tâtonné dans l’escalier très étroit, je retournais me coucher, lorsque je fus accosté par mon camarade. Il me dit que son hôtel devait être fermé, et me demanda si je ne pouvais pas le recevoir. Je l’emmenai et je le couchai dans ma chambre, sur un divan matelassé.

Sitôt que je fus au lit, je m’endormis d’un profond