Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/17

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plus tard à Olympie, des sculpteurs de génie, obéissant aux mêmes principes d’art, ornaient les frontons des temples de figures humaines et de compositions scéniques symétriquement groupées des deux côtés d’une rupture d’harmonie centrale. Les crises des attitudes, réelles mais immobiles, sont placées dans une composition dont le total explique chacune des parties.

Phidias et Sophocle furent en art des révolutionnaires réalistes. Le type humain qui nous paraît idéalisé dans leurs œuvres est la nature même, telle qu’ils la concevaient. Le mouvement de la vie fut suivi jusque dans ses courbes les plus molles. Au témoignage d’Aristote, un acteur d’Eschyle reprochait à un acteur de Sophocle de singer la nature, au lieu de l’imiter. Le drame implexe avait disparu de la scène artistique. Le mouvement réaliste devait encore s’accentuer avec Euripide.

La composition d’art cessa d’être la représentation d’une crise. La vie humaine intéressa par son développement. L’Œdipe de Sophocle est une sorte de roman. Le drame fut découpé en tranches successives ; la crise devint finale, au lieu d’être initiale ; l’exposition, qui était dans l’art antérieur la pièce elle-même, fut réduite pour permettre le jeu de la vie.

Ainsi naquit l’art postérieur à Eschyle, à Polygnote, et aux maîtres d’Égine et d’Olympie. C’est l’art qui est venu jusqu’à nous par le théâtre et le roman.

Comme toutes les manifestations vitales, l’action, l’association et le langage, l’art a passé par des périodes analogues qui se reproduisent d’âge en âge. Les deux points extrêmes entre lesquels l’art oscille semblent être la Symétrie et le Réalisme. Dans la Symétrie, la vie est assujettie à des règles artistiques conventionnelles ; dans le Réalisme, la vie est reproduite avec toutes ses inflexions les plus inharmoniques.

De la période symétrique du XIIe et du XIIIe siècle, l’art