Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/209

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la fête Notre-Seigneur, disant qu’il y avait diables par la campagne ou larrons étrangers, capitaine Baro Pani et ses suppôts, tant hommes que femmes, pillant et troussant gens. Lesquels viennent, comme ils disent, du pays d’Egypte, et ont un langage propre, et leurs femmes ont des jeux dont elles enseignent les simples. Et sont iceux tant larrons et meurtriers que plus ne se peut. Et sont de très mauvais gouvernement. »

La marge du feuillet portait la mention suivante :

« Ledit capitaine de bohémiens et ses gens furent pris par les ordres de monseigneur le prévôt et menés au dernier supplice, excepté toutefois une de leurs femmes qui échappa.

« Item, convient de noter ici que la même année fut appointé maître Étienne Guerrois, clerc criminel de la prévôté en lieu et place de maître Alexandre Cachemarée. »

Je ne puis dire ce qui excita ma curiosité dans cette courte note, le nom du capitaine Baro Pani, l’apparition des Bohémiens dans la campagne de Paris en 1437, ou ce singulier rapprochement que faisait l’auteur des lignes marginales entre le supplice du capitaine, l’évasion d’une femme, le déplacement d’un clerc au criminel. Mais j’éprouvai l’envie invincible d’en savoir plus long. Je quittai donc aussitôt la Bibliothèque, et, gagnant les quais, je suivis la Seine pour aller fouiller les Archives.

En passant dans les rues étroites du Marais, le long