Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/232

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quand je viendrai la chercher. Mais avant, belle Chevalière, je veux t’asservir : tu ne seras qu’à moi. Je vais te mettre un suçon qui te fera rester fidèle. ›

« Il tira son couteau et la marqua de la première lettre de son nom à l’épaule. Le sang jaillit, la Chevalière se mordit les lèvres, les larmes aux yeux, mais ne dit mot. »

Quand Jean Notairy du Bourguet en venait là, le regard de Mme Bourguignon brillait d’un soudain éclat ; puis elle se mettait à sangloter dans son mouchoir de batiste.

« Alors, continuait-il, je pris la Chevalière et descendis promptement. Savard était sur le seuil et semblait attendre. Comme nous filions par derrière j’entendis des pas lourds et la voix de Du Châtelet.

« ‹ Y a-t-il quelqu’un là-haut, demanda-t-il ?

« — Non, dit Savard.

« — Petit y est-il ? reprit Du Châtelet.

« — Non, dit Savard.

« — Ces quatre femmes y sont-elles ?

« — Oui, elles y sont, › répondit le traître.

« Sur l’instant, il se fit un bruit de mousquets battant les marches de l’escalier, et je sus que les quatre femmes étaient Blanchard, Balagny, Limousin et Louis-Dominique Bourguignon, dont le faux blaze était Cartouche : C’était le mot du guet, et ils étaient pris. — La Chevalière poussa un cri, et je l’enlevai.

« Je l’ai mise en lieu sûr. J’ai été arrêté après, et jugé aux galères. On dit que Cartouche a été roué