Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/34

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Le Sabot

La forêt du Gâvre est coupée par douze grands chemins. La veille de la Toussaint, le soleil rayait encore les feuilles vertes d’une barre sang et or, quand une petite fille errante parut sur la grand’route de l’Est. Elle avait un fichu rouge sur la tête, noué sous son menton, une chemise de toile grise avec bouton de cuivre, une jupe effiloquée, une paire de petits mollets dorés, ronds comme des fuseaux, qui plongeaient dans des sabots garnis de fer. Et lorsqu’elle arriva au grand carrefour, ne sachant où aller, elle s’assit près de la borne kilométrique et se mit à pleurer.

Or la petite fille pleura longtemps, si bien que la nuit couvrait toutes choses tandis que les larmes coulaient entre ses doigts. Les orties laissaient pencher