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Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/44

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Les Trois Gabelous


« Ho, Pen-Bras, n’entends-tu pas un bruit de rames ? » dit le Vieux en secouent le tas de foin où ronflait un des trois douaniers gardes-côtes. La grosse figure du dormeur était à demi-cachée par son caban, et des brins d’herbe sèche se dressaient sur ses sourcils. Dans l’angle rentrant de la porte de planches clouées, le Vieux éclairait de sa lanterne à flamme vacillante le bat-flane sur lequel il était étendu. Le vent susurrait entre les pierres du mur, mal noyées dans la boue durci. Pen-Bras se retourna en grommelant, et continua à dormir. Mais le Vieux le poussa si rudement qu’il dégringola du bat-flanc debout sous la fourchette du toit, les jambes écarquillées, les yeux bêtes.

« Qu’est-ce qu’il y a, Vieux ? demanda-t-il.

— Chut ! écoute… » dit l’autre.

Ils écoutèrent, silencieux, en regardant de toutes