Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/88

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L’Homme double


Le couloir dallé sonna sous des pas, et le juge d’instruction vit entrer un monsieur blême, cheveux lisses, avec des favoris collés aux joues et des yeux perpétuellement inquiets ou scrutateurs. Il avait l’air abattu d’un homme qui ne comprend rien à ce qu’on lui fait faire ; les gardes municipaux le quittèrent à la porte avec un regard de commisération. Seules les prunelles, luisantes et mobiles, paraissaient vivre dans sa face terreuse : elles avaient l’éclat et l’impénétrabilité de la faïence noire polie. Les vêtements, redingote et pantalon en sac, pendaient à son corps comme des habits accrochés ; le chapeau, haut de forme, avait été écrasé par des plafonds bas ; le tout, avec l’indication des favoris, donnant assez bien l’idée