Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celaine avec une extraordinaire tignasse de cheveux blonds.

— Viens, lui souffla le mousse. Je suis sûr que ta Mademoiselle te cherche déjà.

Elle se laissa emmener en s’essuyant les yeux avec le revers d’une menotte tachée d’encre.

— Et quoi donc encore ce matin ? demanda le mousse. Hier tu ne voulais plus.

— Elle m’a battue avec son manche à balai, dit la fillette en serrant les lèvres. Battue et enfermée dans l’armoire à charbon, avec les araignées et les bêtes. Quand je reviendrai, je mettrai le balai dans son lit, je brûlerai sa maison avec le charbon et je la tuerai avec ses ciseaux. Oui. (Elle mit sa bouche en pointe.) Oh ! emmène-moi loin, que je ne la revoie plus. J’ai peur de son nez pincé et de ses lunettes. Je me suis bien vengée avant de m’en aller. Figure-toi qu’elle avait le portrait de son papa et de sa maman, dans des choses de velours, sur la cheminée. Des vieux ; pas comme ma maman, à moi. Toi, tu ne peux pas savoir. Je les ai barbouillés avec du sel d’oseille. Ils seront affreux. C’est bien fait. Tu pourrais me répondre, au moins.