Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/182

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qui sont à moi. Egoïste ! égoïste ! va ! Tu vois bien que tu me fais mouiller !

Le mousse tourna la bouche et empoigna le petit paquet. Le papier trempé creva et dans la boue roulèrent des triangles de soie jaune et violette frappés de fleurs, des bandelettes de velours, un petit pantalon de poupée en batiste, un cœur d’or creux avec une charnière, et une bobine neuve de fil rouge. La fillette passa sur la haie ; elle se piqua les mains aux brindillons durs, et ses lèvres tremblèrent.

— Là, tu vois, dit-elle. Tu as été très entêté. Toutes mes choses sont gâtées.

Son nez remonta, ses sourcils se rapprochèrent, sa bouche se distendit, et elle se mit à pleurer :

— Laisse-moi, laisse-moi. Je ne veux plus de toi. Va-t’en. Tu me fais pleurer. Je vais retourner avec Mademoiselle.

Puis elle ramassa tristement ses étoffes.

— Ma jolie bobine est perdue, dit-elle. Moi qui voulais broder la robe de Lili !

Par la poche horriblement ouverte de sa courte jupe on voyait une petite tête régulière de por-