Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/226

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à moi, mais je veux bien te le faire voir. Après que nous serons mariés, je lui permettrai de t’embrasser avec moi, tous les matins. » Le fiancé se mit à rire. Ilsée dans le miroir sourit aussi. « N’est-ce pas qu’il est beau et que je l’aime ? » dit Ilsée. « Oui, oui, » répondit l’autre Ilsée. « Si tu le regardes trop, je ne t’embrasserai plus, dit Ilsée. Je suis aussi jalouse que toi, va. Au revoir, ma petite Ilsée. »


A mesure qu’Ilsée apprit l’amour, Ilsée dans le miroir devint plus triste. Car son amie ne venait plus la baiser le matin. Elle la tenait en grand oubli. Plutôt l’image de son fiancé courait, après la nuit, vers le réveil d’Ilsée. Pendant la journée, Ilsée ne voyait plus la dame du miroir, tandis que son fiancé la regardait. « Oh ! disait Ilsée, tu ne penses plus à moi, vilain. C’est l’autre que tu regardes. Elle est prisonnière ; elle ne viendra jamais. Elle est jalouse de toi ; mais je suis plus jalouse qu’elle. Ne la regarde pas, mon aimé ; regarde-moi. Méchante Ilsée du miroir, je te défends de répondre à mon fiancé. Tu ne peux pas venir ; tu ne pourras jamais