Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/251

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Lilly, ni personne, n’avait vu de « pixies », sinon que, dans les contes et ballades, ce sont quelques méchantes petites choses noires avec des queues tourbillonnantes.

Une nuit, Nan oublia de tirer de l’eau ; d’autant qu’on était en décembre, et que la chaîne rouillée du puits était enduite de glace. Comme elle dormait, les mains sur les épaules de Lilly, soudain elle fut pincée aux bras et aux mollets, et les cheveux de sa nuque furent cruellement tirés. Elle s’éveilla en pleurant : « Demain je serai noire et bleue ! » Et elle dit à Lilly : « Serre-moi, serre-moi : je n’ai pas mis le baquet de belle eau fraîche ; mais je ne sortirai pas de mon lit, malgré tous les « pixies » du Devonshire. » Alors la bonne petite Lilly l’embrassa, se leva, tira de l’eau, et plaça le baquet au coin de l’âtre. Quand elle se recoucha, Nan était endormie.


Et dans son sommeil la petite Lilly eut un rêve. Il lui sembla qu’une reine, vêtue de feuilles vertes, avec une couronne d’or sur la tête, s’approchait de son lit, la touchait et lui parlait. Elle disait : « Je suis la reine Mandosiane ; Lilly,