Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les filles de ferme sautèrent autour de lui, car il avait des gants, des chansons d’amour, des rubans, des toiles de Hollande, des jarretières, des épingles et des coiffes d’or.

— Voyez la triste histoire, dit-il, de la femme de l’usurier, pendant douze mois grosse de vingt sacs d’écus, aussi prise de l’envie bien singulière de manger des têtes de vipère à la fricassée et des crapauds en carbonade.

« Voyez la ballade du grand poisson qui vint sur la côte le quatorzième jour d’avril, sortit de l’eau plus de quarante brasses, et vomit cinq boisseaux d’anneaux de mariée tout verdis par la mer.

« Voyez la chanson des trois méchantes filles du roi et de celle qui versa un verre de sang sur la barbe de son père.

« Et j’avais aussi les aventures de la reine Mandosiane ; mais une coquine de bourrasque m’a tiré la dernière feuille des mains au tournant de la route. »

Aussitôt Lilly reconnut son rêve, et elle sut que la reine Mandosiane lui ordonnait de venir.

Et la même nuit, Lilly embrassa doucement