Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/256

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coniques et la longue route s’enfonçait directement dans les nuages sanglants du ciel.

Là elle rencontra un petit garçon, dont les yeux étaient drôlement fendus, et qui halait le long du canal une lourde barque. Elle voulut lui demander s’il avait vu la reine, mais s’aperçut avec terreur qu’elle avait oublié le nom. Lors elle s’écria, et pleura, et tâta sa jarretière, en vain. Et elle s’écria plus fort, voyant qu’elle marchait sur la route de trois couleurs, faite de poussière jaune, d’un canal bleu, et d’un talus vert. De nouveau, elle toucha les trois nœuds qu’elle avait noués, et sanglota. Et le petit garçon, pensant qu’elle souffrait et ne comprenant point sa douleur, cueillit au bord de la route jaune une pauvre herbe, qu’il lui mit dans la main.

— La mandosiane guérit, dit-il.


Voilà comment Lilly trouva sa reine vêtue de feuilles vertes.

Elle la serra précieusement, et retourna aussitôt sur la longue route. Et le voyage de retour