Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/257

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fut plus lent que l’autre, car Lilly était lasse. Il lui parut qu’elle marchait depuis des années. Mais elle était joyeuse, sachant qu’elle guérirait la pauvre Nan.

Elle traversa la mer, où les vagues étaient monstrueuses. Enfin elle arriva dans le Devon, tenant l’herbe entre sa cotte et sa chemise. Et d’abord elle ne reconnut pas les arbres ; et il lui parut que tous les bestiaux étaient changés. Et dans la grand’salle de la ferme, elle vit une vieille femme entourée d’enfants. Courant, elle demanda Nan. La vieille, surprise, considéra Lilly et dit :

— Mais Nan est partie depuis longtemps, et mariée.

— Et guérie ? demanda joyeusement Lilly.

— Guérie, oui, certes, dit la vieille. — Et toi, pauvre, n’es-tu pas Lilly ?

— Oui, dit Lilly ; mais quel âge puis-je donc avoir ?

— Cinquante ans, n’est-ce pas, grand’mère, crièrent les enfants : elle n’est pas tout à fait si vieille que toi.