Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/279

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l’année. Qui sait ? Elle s’était glissée peut-être à la nuit dans la chambrette inhabitée et le guettait derrière la porte avec un tressaillement doux. L’enfant marcha sans bruit, pour la surprendre. Mais elle n’était plus là. Elle allait revenir, — oh ! oui, — elle allait revenir. Les autres enfants avaient eu assez de bonheur d’elle. C’était à son tour, maintenant. L’enfant entendit sa voix malicieuse murmurant : « Je suis sage aujourd’hui ! » Petite parole disparue, lointaine, effacée comme une ancienne teinte, usée déjà par les échos du souvenir.


L’enfant s’assit patiemment. Là était le petit fauteuil d’osier, marqué de son corps, et le tabouret qu’elle aimait, et la petite glace plus chérie parce qu’elle était cassée, et la dernière chemisette qu’elle avait cousue, la chemisette « qui s’appelait Monelle », dressée, un peu gonflée, attendant sa maîtresse.

Toutes les petites choses de la chambre l’attendaient. La table à ouvrage était restée ouverte. Le petit mètre dans sa boîte ronde allongeait sa langue verte, percée d’un anneau. La toile dépliée