Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/285

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comme tu disais, car j’étais pareille à un vermisseau nu. Un jour nous avons trouvé ensemble un cocon tout blanc, tout soyeux, et qui n’était percé d’aucun trou. Méchant, tu l’as ouvert, et il était vide. Penses-tu que la petite bête ailée n’en était pas sortie ? Mais personne ne peut savoir comment. Et elle avait dormi longtemps. Et avant de dormir elle avait été un petit ver nu ; et les petits vers sont aveugles. Figure-toi, mon aimé (ce n’est pas vrai, mais voilà comme je pense souvent), que j’ai tissé mon petit cocon avec ce que j’aimais, la terre, les jouets, les fleurs, les enfants, les petites paroles, et le souvenir de toi, mon aimé ; c’est une niche blanche et soyeuse, et elle ne me paraît pas froide ni obscure. Mais elle n’est peut-être pas ainsi pour les autres. Et je sais bien qu’elle ne s’ouvrira point, et qu’elle restera fermée comme le cocon d’autrefois. Mais je n’y serai plus, mon aimé. Car mon attente est de m’en aller ainsi que la petite bête ailée ; personne ne peut savoir comment. Et où je veux aller, je n’en sais rien ; mais c’est mon attente. Et les enfants aussi, et toi, mon aimé, et le jour où on ne