Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/286

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travaillera plus sur terre sont mon attente. Je suis toujours une petite bête, mon aimé ; je ne sais pas mieux expliquer.

— Il faut, il faut, dis-je, que tu sortes avec moi de ce lieu obscur, Monelle ; car je sais que tu ne penses pas ces choses ; et tu t’es cachée pour pleurer ; et puisque je t’ai trouvée enfin toute seule, dormant ici, toute seule, attendant ici, viens avec moi, viens avec moi, hors de ce lieu obscur et étroit.

— Ne reste pas, ô mon aimé, dit Monelle, car tu souffrirais beaucoup ; et moi, je ne peux venir, car la maison que je me suis tissée est toute fermée, et ce n’est point ainsi que j’en sortirai.

Alors Monelle mit ses bras autour de mon cou, et son baiser fut pareil, chose étrange, à ceux d’autrefois, et voilà pourquoi je pleurai encore, et elle essuya mes larmes avec ses cheveux.

— Il ne faut pas pleurer, dit-elle, si tu ne veux m’affliger dans mon attente ; et peut-être n’attendrai-je pas si longtemps. Ne sois donc plus désolé. Car je te bénis de m’avoir aidée à dormir dans ma petite niche soyeuse dont la meilleure