Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dront sur la table et la lueur d’une couronne d’or étincellera parmi. »

Mais une voix retentit, qui ne m’était point étrangère, et le visage de celle qui parut ne m’était point inconnu. Et elle criait ces paroles :

— Un royaume blanc ! un royaume blanc ! je connais un royaume blanc !

Et je détournai la tête et lui dis, sans surprise :

— Petite tête menteuse, petite bouche qui ment, il n’est plus de rois ni de royaumes. Je désire vainement un royaume rouge : car le temps est passé. Et ce royaume-ci est noir, mais ce n’est point un royaume ; car un peuple de rois ténébreux y agitent leurs bras. Et il n’y a nulle part dans le monde un royaume blanc, ni un roi blanc.

Mais elle cria de nouveau ces paroles :

— Un royaume blanc ! un royaume blanc ! je connais un royaume blanc !

Et je voulus lui saisir la main ; mais elle m’éluda.

— Ni par la tristesse, dit-elle, ni par la vio-