Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/52

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jaune. La couleur blanche du soleil me baisait au dehors, et j’étais baisée sous mon dôme par le parfum des cheveux de la vierge. Et la déesse qui change les formes m’ayant exaucée, semblable à une hirondelle d’eau qui tombe, les ailes étendues, pour caresser du bec une plante née au milieu d’un étang, je m’abattis doucement sur sa tête ; je perdis le roseau qui me tenait loin d’elle, dans les airs, et je devins son chapeau qui la couvrait d’un toit frémissant.

Mais un potier qui pétrit aussi des jeunes filles, nous ayant aperçues dans un faubourg de la cité, nous pria d’attendre et tourna rapidement sous ses pouces une petite figure de terre. Ouvrier des formes inférieures, il nous a portées dans son langage d’argile ; et, certes, il a su me tresser délicatement, et plier avec mollesse la tunique de laine blanche, et onduler la chevelure de ma maîtresse ; mais, ne comprenant pas le désir des choses, il m’a cruellement séparée de la tête que j’aimais ; et, redevenue ombrelle dans ma seconde vie, je me balance loin de la nuque de ma maîtresse.