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Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/103

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revers de soie seyent à une redingote à la mode : elle a été soigneusement colligée dans les quotidiens contemporains. Il a paru inutile d’y joindre des explications d’origine ou d’emploi. Un jeune homme qui se destine au journalisme n’a pas le temps de se livrer à des investigations bonnes pour des spécialistes ou des érudits. Time is money. (N. B. — De bons journalistes écrivent souvent Times is money le journal le Times étant bien connu du public)[1].

Pourtant le souci de la décoration ne doit jamais vous absorber au point d’oublier que vous écrivez pour le public et qu’il faut lui plaire. Souvenez-vous que vos lecteurs n’aiment pas à faire effort et préfèrent s’instruire comme en se jouant. Il est pénible aussi de constater son ignorance en un sujet que l’on croyait connaître. Si jamais votre fortune vous impose d’instruire le public sur des choses qui lui sont familières, ayez soin de l’y préparer doucement et d’avouer dans votre préambule qu’avant d’avoir été avertis par un savant (que vous nommerez) vous étiez en même ignorance que lui. Ne craignez pas de vous railler vous-même à cette

  1. All’s weell qui finit bien. Mais Times is money et il est inutile de s’attarder aux bagatelles de la Porte, sublime ou non.
    (Gil-Blas, 8 mai 1903.)