Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE JOURNAL MODERNE : SOUVENIRS[1]


En avons-nous passé, de ces bonnes soirées d’hiver, autour du poêle de fonte qui ronflait et rougissait dans l’ombre, bourré des liasses de la Sentinelle de Paris, anciens « bouillons » poussiéreux que le vieux garçon de bureau, Nicodème, gardait précieusement dans le coffre à charbon ! Là était le vétéran Népomucène Brandebran, qui avait connu Janin, Paul d’Ivoi, Villemessant, et même les derniers jours du premier Empire ; Julius Prout, un peu gaga déjà, qui allumait patiemment son brûle-gueule vide avec de longs fidibus qu’il croyait enflammer aux ampoules électriques ; Pimprenelle, dont la respiration asthmatique s’exhalait entre les dents avec un long sifflement ; Ducos, sec et maigre,

  1. Extraits de Trente ans de m—e, souvenirs d’un publiciste.