Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/77

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ma main. Les cocos par terre… plus une bougresse de feuille de palmier. Tout ça raflé, dans les grandes largeurs. — Bon, — Pour le copra, y avait du bon : il était toujours là. Ces animaux l’avaient f… sous leurs pierres… est-ce que je sais ? Mais pas moyen de couvrir les tonneaux. Les voilà qui s’amènent, avec leur bon Dieu de jargon : Kalofa, tapa, tapa. Du papier ! Croyez-vous qu’ils sont malins les singes ! Ils n’avaient plus de feuilles de cocotier pour tresser les couvercles à nos tonnes ; ils ne voulaient pas se servir de leur tapa que les femmes fabriquent avec de l’écorce : ils nous avaient vu lire l’Opinion nationale… ils en voulaient, ils en demandaient. — Bon. — Nous leur envoyons des paquets de vieux journaux. Ils arrangent ça avec leurs cordes de fibres bien proprement, comme des pots à moutarde, le copra dessous, les journaux dessus — et va comme je te pousse, dans la cale. Ils rigolaient, en travaillant, ils rigolaient ! Moi, n’est-ce pas, je ne me méfiais de rien : les noirs, dans les îles, ça rigole toujours. Rigoler, pioncer, prier : voilà l’emploi de leur temps. Donc, ils s’en vont — en nous envoyant des baisers sur leurs mains — des reniflements, vous savez, des songhi, avec des tofâ ! tofâ !