Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/68

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tail de lignes bleues éclatantes s’éployait jusqu’au ras du ciel. Les paumes des mains de Septima étaient rougies d’or, et l’extrémité de ses doigts était fardée ; ses lèvres sentaient la myrrhe et ses paupières ointes tressaillaient doucement. Ainsi elle marchait sur la route des faubourgs, portant à la maison des serviteurs une corbeille de pains flexibles.

Septima devint amoureuse d’un jeune homme libre, Sextilius, fils de Dionysia. Mais il n’est point permis d’être aimées à celles qui connaissent les mystères souterrains : car elles sont soumises à l’adversaire de l’amour, qui se nomme Anterôs. Et ainsi qu’Erôs dirige les scintillements des yeux et aiguise les pointes des flèches, Anterôs détourne les regards et émousse l’aigreur des traits. C’est un dieu bienfaisant qui siège au milieu des morts. Il n’est point cruel, comme l’autre. Il possède le népenthès qui donne l’oubli. Et