Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/93

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de Milon, et des esclaves gardiens l’assommèrent dans les ténèbres.

Alors Clodia fut désespérée. Elle avait pris et rejeté Catullus, puis Caelius Rufus, puis Egnatius, dont les amis l’avaient menée dans les basses tavernes : mais elle n’aimait que son frère Clodius. C’est pour lui qu’elle avait empoisonné son mari. C’est pour lui qu’elle avait attiré et séduit des bandes d’incendiaires. Quand il fut mort, l’objet de sa vie lui manqua. Elle était encore belle et chaude. Elle avait une maison de campagne sur la route d’Ostie, des jardins près du Tibre et à Baïes. Elle s’y réfugia. Elle essaya de s’y distraire en y dansant lascivement avec des femmes. Ce ne fut pas suffisant. Son esprit était occupé par les stupres de Clodius, qu’elle voyait toujours imberbe et féminin. Elle se souvenait qu’il avait été pris jadis par des pirates de Cilicie, qui avaient usé de son tendre corps. Une cer-