Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/94

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taine taverne lui revenait aussi à la mémoire, où elle était allée avec lui. Le fronton de la porte en était tout barbouillé de charbons, et les hommes qui y buvaient répandaient une odeur forte, et avaient la poitrine velue.

Rome l’attira donc de nouveau. Elle erra aux premières veilles dans les carrefours et les passages étroits. L’insolence éclatante de ses yeux était toujours semblable. Rien ne pouvait l’éteindre, et elle essaya tout, même de recevoir la pluie, et de coucher dans la boue. Elle alla des bains aux cellules de pierre ; les caves où les esclaves jouaient aux dés, les salles basses où s’enivraient les cuisiniers et les voituriers lui furent connues. Elle attendit des passants parmi les rues dallées. Elle périt vers le matin d’une nuit étouffante par un étrange retour d’une habitude qui avait été la sienne. Un ouvrier foulon l’avait payée d’un quart d’as ; il la