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“SCIENTIA„

graines d’Orchidées avaient été déposées. Cette objection de gens incompétents était vaine, car en faisant des coupes dans les embryons développés sur la sciure on constatait qu’ils étaient toujours régulièrement contaminés par le champignon qui pénétrait toujours de la même manière par le suspenseur et envahissait les cellules, y produisant des pelotons fortement enroulés. Cette observation bien certaine ne résout rias complètement la question, car d’où vient le champignon dans ce cas ? C est là un point encore obscur. Une première hypothèse peut venir à l’esprit, c’est que le champignon est si abondant dans la serre qu’il contamine tout naturellement la sciure de bois, comme la moisissure d’une cave à fromage qui permet d’obtenir d’excellents produits quand elle existe, mais dont l’absence fait toujours échouer le praticien. Il est peut être d’ailleurs une explication plus simple, c’est que le jardinier, né malin et d’ordinaire très cachottier, a déposé dans le substratum des fragments de racines qui ont contaminé ainsi les graines par les champignons qu’elles contenaient. Cette dernière manière de voir ne me paraît pas du tout invraisemblable d’abord parce que, à la suite des travaux de Bernard, M. Denis, cultivateur d’Orchidées du Midi de la France, a employé cette technique qui lui a donné de bons résultats. Si les horticulteurs emploient ainsi des subterfuges pour tromper et dépister les chercheurs desintéressés qui tentent de perfectionner leur industrie ils ont tort car leur véritable intérêt est de recourir à l’aide éclairée de la science qui peut les guider et leur être d’un grand secours. Il arrive bien souvent qu’ils cachent mystérieusement une tour de main dont ils ne comprennent pas la raison, qui les conduit cependant au succès et qui peut être même le fondement de leur fortune : on conçoit aisément qu’ils défendent leur secret avec un soin jaloux. Malheureusement les secrets ne se gardent pas indéfiniment.

Un des plus habiles semeurs de notre pays, M. Maron, a dit à la suite des travaux de M. Bernard, qu’il réussisait aussi bien avec sa méthode qu’avec celle que préconisait ce dernier en distribuant les champignons des Orchidées qu’il avait su extraire des racines et cultiver purement. Cette constatation ne semble pas avoir grande valeur si Y on remarque qu’en envoyant des champignons d’Orchidées à un simple amateur qui n’avait jamais fait germer une Orchidée, comme M. Magne avec lequel j’ai mis M. Bernard en relation, un