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vitesse qui peut être quelconque ; et cependant, pour ce second groupe, l’onde lumineuse se mouvra par rapport à lui avec la même vitesse de trois cent mille kilomètres par seconde.

M. Einstein a montré le premier comment cette conséquence nécessaire de la théorie électromagnétique suffit pour déterminer les caractères de l’espace et du temps exigés par la conception nouvelle de l’univers. On conçoit, d’après ce qui précède, que la vitesse de la lumière doive jouer un rôle essentiel dans les énoncés nouveaux : elle est la seule vitesse qui se conserve quand on passe d’un système de référence à un autre et joue dans l’univers électromagnétique le rôle que joue la vitesse infinie dans l’univers mécanique. Ceci va ressortir clairement des résultats qui suivent.

Pour un couple quelconque d’événements, le changement du système de référence modifie à la fois la distance dans l’espace et l’intervalle dans le temps, mais, au point de vue de l’importance de ces modifications, on est conduit à classer les couples d’événements en deux grandes catégories pour lesquelles l’espace et le temps jouent des rôles symétriques.

La première catégorie est constituée par les couples d’événements tels que leur distance dans l’espace est supérieure au chemin parcouru par la lumière pendant leur intervalle dans le temps, c’est-à-dire tels que si l’émission de signaux lumineux accompagne la production des deux événements, chacun d’eux aura lieu avant le passage du signal venant de l’autre. Une telle relation a un sens absolu, c’est-à-dire qu’elle est vérifiée pour tous les systèmes de référence si elle l’est pour l’un d’entre eux.

Les équations de transformation exigées par la théorie électromagnétique montrent que, dans ce cas, l’ordre de succession des deux événements dans le temps n’a pas de sens absolu. Si, pour un premier système de référence, les deux événements se succèdent dans un certain ordre, cet ordre sera renversé pour des observateurs se mouvant par rapport aux premiers avec une vitesse inférieure à celle de la lumière, c’est-à-dire avec une vitesse réalisable physiquement.

Il est évidemment impossible que deux événements dont l’ordre de succession peut ainsi être renversé soient unis par une relation de cause à effet, puisque si une telle relation existait entre nos deux événements, certains observateurs verraient la cause postérieure à l’effet, ce qui est absurde.