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LES PROGRÈS DE LA CULTURE DES PLEURS ETC.

et l’expédier en caisse comme un objet desséché et mort. Les traditions ainsi inaugurées dès le début du XIXe siècle sont encore suivies à l’heure actuelle, et pour indiquer l’ importance de ce trafic, il me suffira de citer un chiffre, car il est assez éloquent et significatif: il est de grandes maisons d’horticulture d’Angleterrre qui introduisent chaque année de 100 à 200.000 plantes. [1]

Le lecteur se demandera peut être en voyant ce chiffre fantastique pourquoi on se donne tant de peine et il pensera qu’il serait beaucoup plus simple de semer les graines, car on peut en avoir des milliers. C’est évidemment ce qu’ont cherché à faire les horticulteurs dès l’origine de la culture des Orchidées, mais toutes leurs tentatives échouèrent et pendant très longtemps on ignora le secret de la germination. Ces graines ont des caractères très particuliers qu’on ne retrouve pas d’ordinaire chez les autres végétaux ; elles sont extrêmement petites, sans albumen, entourées d’un tégument et formées d’un simple petit massif de cellules toutes semblables et indifférenciées; la petitesse de ces semences est compensée par leur grand nombre et une capsule mûre contient un nombre énorme de graines qualifiées de scobiformes parce qu’elles ont été comparées à de la sciure de bois. Evidemment si l’on avait su faire germer ces semences, les Orchidées auraient pu être multipliées d’une manière prodigieuse, elles seraient devenues des plantes archivulgaires ; il n’ en a pas été ainsi parce que l’on a été très longtemps dans l’impossibilité de faire sortir ces graines de leur torpeur. On lit, en effet dans un ouvrage important publié en 1822 par le botaniste français Du Petit Thouars, qui s’est illustré par l’étude des Orchidées de Bourbon et de Madagascar : « on a cru longtemps que ces graines étaient incapables de ce premier acte de la végétation; ce n’est (pie depuis peu (pie le Doct. Salisbury l’a observé en Angleterre ». La découverte du Docteur Salisbury paraît avoir été purement accidentelle et quand d’autres observateurs cherchèrent à répéter son expérience,

  1. Il est des régions dans l’Amérique du Sud, notamment dans le district de Pacho, célèbre par le fameux Odontoglosum crispum, où toute la population indienne se livre à la chasse des Orchidées ; de petits villages fournissent des centaines de ces chasseurs. Cette exploitation intense fait même redouter la disparition rapide de ces belles espèces.