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"SCIENTIA„

ils échouèrent complètement. Cependant, à mesure que le XIXe siècle s’écoulait, les exemples de germinations imputables au hasard se multipliaient, mais personne ne connaissait une méthode conduisant à reproduire le phénomène avec certitude. Cependant un observateur perspicace, dont le nom est d’ailleurs resté inconnu, à moins que ce ne soit Domini dont je vais reparler plus loin, remarqua que ces germinations accidentelles et toujours rares se manifestaient sur le compost couvrant la plante mère ou mieux encore sur les racines qui sont dans ce compost, mais qui peuvent en sortir plus ou moins complètement. Cette remarque découlant d’une leçon donnée par la nature n’a pas été perdue, et c’est ainsi que la pratique mystérieuse de culture sur le pied de la plante mère a été inaugurée. Cette technique bizarre et incompréhensible n’ a pas été publiée, de sorte qu’ il est impossible d’en glorifier son inventeur ; elle est restée évidemment un secret de métier qui n’ a pas été divulgué et qui a été très longtemps non seulement ignoré du public mais même des horticulteurs les plus habiles.[1] Il y a tout lieu de penser cependant (pie c’ est dans la maison Veitch de Ohelsea que la méthode a subi des perfectionnements qui ont permis à Domini, qui travaillait comme jardinier dans ce grand établissement, d’oser entreprendre une œuvre de longue haleine qui devait conduire à des résultats merveilleux, je veux parler de l’hybridation des Orchidées. Le travail de l’hybridation est celui auquel tous les horticulteurs se livrent volontiers lorsqu’ils ont introduit une plante nouvelle; c’est ce qu’ils ont fait notamment, avec tant de succès, pour les Bégonia, les Pelargonium, les Chrysanthèmes. Si, jusqu’au milieu du XIXe siècle, ils n’ont pas entrepris cette tâche avec les Orchidées c’est qu’ils étaient rendus impuissants par tous les échecs de germination, et l’activité horticole rendue stérile devait s’exercer dans une autre voie pour donner satisfaction aux amateurs de ces belles plantes : c’est ainsi que les importations ont pris ce prodigieux essor que nous décrivions plus haut et que le nombre des espèces cultivées a fini par être énorme, plus de 2000 sur le 6000 de la famille entière. Il n’y a pas dans le monde végétal un autre domaine où les efforts aient été aussi prodigieux à ce point de vue.

  1. « Il faut une plante vivante pour assainir (!) le substratum sur lequel la germination doit se produire». (Dict. d’horticult. de Bois).