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IVANHOÉ

En parlant ainsi, il se disposait à quitter la lice avec son brillant cortége, et, tournant la tête de son cheval dans cette intention, il donna le signal pour la dispersion des spectateurs.

Cependant, avec la mémoire vindicative qui est le propre d’un orgueil offensé, surtout quand il est combiné avec un esprit inférieur dont il avait la conscience, Jean eut à peine fait trois pas, que, se retournant de nouveau, il fixa un œil de féroce ressentiment sur le yeoman qui lui avait déplu dans la partie matinale de la journée, et donna ses ordres aux hommes d’armes qui se tenaient près de lui.

— Sur vos têtes, dit-il, ne permettez pas au drôle de s’échapper !

Le yeoman soutint le regard courroucé du prince avec la même invariable fermeté qu’il avait montrée la première fois, disant avec un sourire :

— Je n’ai point l’intention de quitter Ashby avant après-demain ; je veux voir comment les archers de Staffort et de Leicester lancent une flèche : les forêts de Needwood et de Charnwood doivent produire de bons tireurs.

— Et moi, dit le prince Jean à ses serviteurs, sans répliquer directement, je veux voir comment il tire lui-même, et malheur à lui si son adresse ne sert pas d’excuse à son insolence !

— Il est bien temps, dit de Bracy, que l’outrecuidance de ces paysans soit réprimée par quelque exemple signalé.

Waldemar Fitzurze, qui jugeait probablement que son patron ne prenait pas le chemin le plus court pour arriver à la popularité, haussa les épaules et garda le silence. Le prince Jean continua sa sortie de la lice, et la dispersion de la multitude devint générale.

Par divers chemins, selon les différents quartiers d’où ils venaient, et par groupes plus ou moins nombreux, on vit les spectateurs se retirer de la plaine ; la partie la plus nombreuse s’écoula vers la ville d’Ashby, où le plus grand nombre des personnages distingués avaient leur logement