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IVANHOÉ.

Tu penses, j’en suis certain, que tu as perdu quelque peu de nos bonnes grâces en ayant refusé si hardiment cette tâche désagréable ; mais non, Maurice, je t’honore davantage pour ta vertueuse résistance. Il est des choses qu’il nous importe de voir exécutées, mais dont nous ne pouvons ni aimer ni honorer l’exécuteur, et certains refus de nous servir placent haut dans notre estime ceux qui ont eu le courage de le faire. L’arrestation de mon malheureux frère n’offre pas un aussi bon titre à la haute dignité de chancelier que ton refus chevaleresque et courageux au bâton de grand maréchal. Songes-y, de Bracy, et commence dès aujourd’hui à en remplir les fonctions.

— Tyran inconstant, murmura de Bracy en s’éloignant du prince, malheur à ceux qui se fient à toi ! Ton chancelier, vraiment ! Celui qui aura la garde de ta conscience n’aura pas, je le pense, une tâche difficile ; mais grand maréchal d’Angleterre ! ceci, ajouta-t-il en étendant son bras comme pour saisir le bâton du commandement, et se donnant une démarche plus hautaine dans l’antichambre, ceci est, en effet, un prix qui vaut qu’on le dispute.

De Bracy eut à peine quitté l’appartement, que le prince Jean appela.

— Dites à Hugh Bardon, le chef des éclaireurs, de venir ici dès qu’il aura parlé à Waldemar Fitzurze.

Le chef des batteurs d’estrade arriva après un court délai, que Jean avait employé à arpenter la salle d’un pas égal et agité.

— Bardon, lui dit-il, que t’a demandé Waldemar ?

— Deux hommes résolus, connaissant parfaitement les landes du nord, et habiles à suivre les pas de l’homme et du cheval.

— Et tu les lui as donnés ?

— Votre Grâce peut s’en rapporter à moi, répondit le maître des éclaireurs : l’un d’eux vient du Hexahmshire, il est habitué à suivre la piste des voleurs du Tynedale et du Teviotdale, comme le limier suit la trace du daim blessé ;