Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/53

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s’était absentée pour entendre l’office du soir dans une église éloignée, venait seulement de rentrer et changeait de vêtements, les siens ayant été mouillés par l’orage.

De plus, on n’avait encore aucune nouvelle de Gurth et de ses pourceaux, qui, depuis longtemps, auraient dû être rentrés de la forêt, et le peu de sécurité de l’époque était telle, qu’elle suffisait à faire craindre que ce retard ne provînt de quelque déprédation de la part des outlaws qui remplissaient la forêt, ou d’un coup de main de quelque baron voisin qui, connaissant sa force, violait les droits de la propriété.

Ce sujet était grave, car la plus grande partie des richesses domestiques des propriétaires saxons se composait de nombreux troupeaux de porcs, et cela surtout dans le voisinage des forêts, où ces animaux trouvaient aisément leur pâture.

Outre ces motifs d’inquiétude, le thane saxon désirait la présence de son bouffon favori Wamba, dont les plaisanteries, telles qu’elles étaient, bonnes ou mauvaises, servaient à assaisonner le repas du soir et les grands coups d’ale et de vin dont il avait coutume de l’arroser.

Ajoutez à tout cela que Cédric était à jeun depuis midi, et que l’heure habituelle de son souper était passée depuis longtemps, sujet d’irritation commun aux gentilshommes campagnards, et dans les temps anciens et dans les temps modernes.

Son déplaisir se manifestait par des phrases entrecoupées, en partie murmurées entre ses dents, en partie adressées aux domestiques qui se tenaient autour de lui, et particulièrement à son échanson, qui lui présentait de temps en temps, en manière de calmant, un gobelet d’argent rempli de vin.

— Pourquoi tarde donc lady Rowena ?

— Elle ne fait que changer de coiffure, répondit un domestique femelle, avec cet aplomb que montre habituellement de nos jours la femme de chambre favorite d’une