Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/548

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de serviteurs forestiers qui paraissaient être les outlaws du voisinage, formant par conséquent un cortége périlleux pour un prince. Il hésita un instant s’il devait s’adresser au roi en cette qualité ou lui parler encore comme au chevalier noir.

Richard s’aperçut de son embarras.

— Ne crains pas, Wilfrid, dit-il, de t’adresser à Richard Plantagenet, puisque tu le vois dans la compagnie de tant de vrais et vaillants cœurs anglais, quoiqu’ils aient pu s’écarter du bon chemin, entraînés par le sang vif de leur race.

— Messire Wilfrid d’Ivanhoé, dit le chef des outlaws s’avançant vers lui, mes assurances ne peuvent rien ajouter à celles de notre souverain ; cependant, permettez-moi de vous dire avec quelque orgueil que, de tous ses sujets qui ont souffert, il n’en est pas de plus fidèles que ceux qui l’entourent en ce moment.

— Je n’en puis douter, brave archer, reprit Wilfrid puisque tu es de ce nombre. Mais que signifient ces signes de mort et de danger, ces hommes tués, et l’armure sanglante de mon prince ?

— La trahison s’est approchée de nous, Ivanhoé, dit le roi ; mais, grâce à ces braves gens, la trahison a été punie. Mais, à présent que j’y pense, toi aussi, tu es un traître, ajouta Richard en souriant, un traître des plus désobéissants ; car nos ordres étaient positifs : tu devais demeurer dans la maison de Saint-Botolphe jusqu’à ce que ta blessure fût guérie.

— Elle est guérie, répondit Ivanhoé ; elle n’a pas maintenant plus d’importance que l’égratignure d’un poinçon ; mais pourquoi, mon noble prince, voulez-vous ainsi torturer les cœurs de vos serviteurs fidèles, exposer votre vie précieuse dans des voyages isolés et de folles aventures, comme si elle n’avait pas plus de prix que celle d’un chevalier errant qui n’a que la cape et l’épée ?

— Eh ! Richard Plantagenet, repartit le roi, ne désire pas