Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/549

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d’autre renommée que celle que peuvent lui faire acquérir sa lance et son épée. Richard Plantagenet est plus fier de mener à fin une aventure sans autre aide que sa bonne épée et la vigueur de son bras, que de conduire au combat une armée de cent mille soldats.

— Mais votre royaume, monseigneur, répliqua Ivanhoé, votre royaume est menacé de dissolution et de guerre civile, et vos sujets de toute sorte de maux s’ils perdaient leur souverain dans quelqu’un de ces dangers que chaque jour vous vous plaisez à braver, et à l’un desquels vous venez en ce moment même d’échapper si miraculeusement.

— Oh ! oh ! mon royaume et mes sujets ? répondit Richard avec importance. Je te dis, messire Wilfrid, que les meilleurs d’entre eux sont tout disposés à payer mes folies en même monnaie. Par exemple, mon très-fidèle serviteur Wilfrid d’Ivanhoé ne veut pas obéir à mes ordres positifs, et cependant il vient réciter une homélie à son roi parce que son roi ne se sera pas conduit exactement d’après son conseil. Lequel de nous a le plus de raison de faire des reproches à l’autre ? Cependant pardonne-moi, mon fidèle Wilfrid ; le temps que j’ai passé et que je veux passer encore incognito était, comme je te l’ai expliqué au monastère de Saint-Botolphe, nécessaire pour donner à mes amis et à ma noblesse le temps de réunir leurs troupes, afin que, lorsque le retour de Richard sera annoncé, il se trouve à la tête d’une force assez imposante pour faire trembler ses ennemis en face, et comprimer ainsi la trahison méditée sans même avoir besoin de tirer l’épée. Les forces avec lesquelles Estouteville et Bohun doivent marcher sur York ne seront prêtes que dans vingt-quatre heures. J’attends des nouvelles de Salisbury dans le sud, de Beauchamp dans le comté de Warwick, de Malton et de Percy dans le nord. Le chancelier doit s’assurer de Londres ; c’est mon apparition trop soudaine qui m’eût exposé à des périls dont n’auraient pu me tirer ni ma lance ni mon épée, quoique secondées par l’arc du hardi Robin Hood, par le bâton à